Simon Pichot
Simon Pichot, prévôt de la maison des Compagnons du Devoir et du Tour de France de Villefontaine, nous parle de son parcours et de son poste.
En quelques dates
2018
mai, date de la création de « Chez Suzanne et Auguste »
30
ans, âge de Pierre Cellier, maraîcher et dirigeant de la structure
Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours ?
Je suis Pierre Cellier, j’ai 30 ans. Je suis maraîcher depuis un an et demi suite à une reconversion professionnelle. Auparavant j’ai travaillé dans l’écologie et la botanique, à la fois en recherche et en association. De formation je suis ingénieur écologue. J'habite à Villefontaine depuis 2017. L’entreprise a été officiellement créée en mai 2018. Je vis sur le domaine : c’est très important pour le maraîchage, on a toujours besoin d’avoir les yeux sur les cultures.
Parlez-nous de cette reconversion...
Dans mes anciens postes, en association et en recherche, je proposais un accompagnement, je prodiguais des conseils. A un moment donné, j'ai eu envie de faire moi-même, de mettre en application mes conseils et mes connaissances, de mettre les mains dans le cambouis. J’ai suivi une formation pour adulte BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole) pour obtenir une compétence agricole.
Que faites-vous aujourd'hui ? Quelle est l'activité de "Chez Suzanne et Auguste" ? Vous travaillez en bio ?
C’est une exploitation de maraîchage diversifiée avec un système de vente à la ferme. Je produis directement mes légumes et je les vends au client qui vient les récupérer sur place. Deux ventes sont organisées chaque semaine sous le hangar. Ma semaine se découpe ainsi : 3 jours dédiés à la production et l'administratif (les lundis, mercredis et vendredis) et 2 jours dédiés à la récolte et à la vente (mardis et jeudis). On peut compter une 6ème journée d’administratif dans la semaine qui vient se greffer un peu partout. Toutes mes cultures sont cultivées en bio. Cependant, comme le label nécessite trois ans avant d'être obtenu, je suis officiellement "en conversion bio". Ça ne change rien à la façon dont les légumes sont cultivés.
Le choix de la vente en direct, sur place : pourquoi ?
Pour le fonctionnement de l’entreprise : réduire au maximum le temps consacré à la vente. Aujourd’hui je fais 2 fois 3h de ventes. Avec les récoltes, cela me fait 2 journées dédiées à la vente. Si je faisais 2 marchés, cela me demanderait le double de temps. Ensuite, éviter les intermédiaires me permet de proposer un prix qui rémunère vraiment mon travail sans être trop élevé pour le consommateur. C’est un équilibre à trouver entre les trois piliers du développement durable : - environnemental : j’essaie de faire de l’agroécologie, de respecter la biodiversité. - social : créer un lien direct, un lieu de rencontre avec les consommateurs. - économique : il faut que je puisse en vivre.
Vous travaillez seul ?
Je suis seul dans ma structure mais je reçois de l’aide bénévole de la part de ma famille. J'ai également des liens avec le jardin collectif de Vaugelas. On échange régulièrement depuis le début : informations, bonnes pratiques, fournisseurs… Sur Villefontaine, j'ai créé des liens avec "Le panier de Léontine" et le nouveau restaurant "Chez Mémé", que je fournis, pas en totalité bien sûr, mais à hauteur de ma capacité de production ! Nous avons cette volonté commune de tisser des liens et de fonctionner en circuit court. J’ai aussi des interactions avec tous les autres maraîchers bio de la région qui m’apportent beaucoup d’aide. Ils m’apportent des compétences, des connaissances, me dépannent sur certains de mes plants. Je reçois également des aides territoriales financières et administratives à tous les échelons : Ville, Département, CAPI, Région, Etat, Europe, Chambre d’Agriculture, etc. La Ville par exemple, met à ma disposition envieron 1,5 hectares de terrain près du cimetière de la Rizolière.
Le travail de la terre : une vocation de toujours ?
Le lien à la nature oui, je l'ai depuis très longtemps. J’ai baigné dedans : mes grands-parents étaient pépiniéristes, j'ai toujours eu un potager chez mes parents. Mes études et mes premiers postes étaient déjà orientés nature et extérieur. Pour moi c’est une continuité.
Vos clients sont-ils au rendez-vous ? Qui sont-ils ?
Je propose deux formules à mes clients : - soit ils viennent faire leur marché avec les légumes qui sont présents, - soit ils ont la possibilité de commander les légumes. Chaque début de semaine, j'envoie par mail les légumes commandables avec le volume disponible. Le client peut réserver ses légumes. Aujourd’hui ma mailing list comporte 300 contacts. Mes clients sont très proches, ils viennent à pied ou à vélo. Ils sont en général à moins de 2 km. J’ai beaucoup de clients qui viennent des quartiers juste au-dessus.
Quelles valeurs portez-vous à travers votre structure ?
J'essaie d’avoir du travail bien fait à plusieurs niveaux : sur le terrain, dans les pratiques environnementales et sociales et dans la qualité du produit final. Je ne cherche pas à avoir des produits tous beaux, calibrés, identiques. Mes légumes sont parfois abimés ou tâchés mais le goût est là. Mon objectif premier est la qualité au niveau alimentaire. Je n'utilise ni pesticide, ni intran chimique. Je sélectionne les légumes à travailler pour leur qualité nutritive. Parfois je travaille sur des légumes anciens pour cela. Toujours par souci de qualité, je fais mes semis jusqu’à la vente. J’essaie de partir de la graine et je vais jusqu’au légume. Chose que je vais remettre en question sur certains légumes (poireaux, céleris) car c’est vraiment technique et cela demande du temps. Pour tout le reste des légumes, je continuerai de faire mes semis moi-même. Je ne vais pas au bout, je ne vais pas jusqu’à récolter mes propres graines, car il faut une vraie compétence très technique.
Le mot de la fin ?
Ce genre de projet ne fonctionne que si on a le soutien des consommateurs. La tendance actuelle va dans ce sens. Malgré tout, en lisant les statistiques qui sont faites, il y a une défiance par rapport au bio. Il y a quelques années, si vous demandiez aux gens s’ils trouvaient cela normal de payer du bio + cher, ils répondaient oui. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On veut du bio, de la qualité mais on n'est pas prêt à voir augmenter la part du budget consacrée à l’alimentaire. Or, le bio demande énormément de travail supplémentaire, c’est pourquoi le prix est élevé. Ce qui est dommage, c'est que le prix d’un produit n’est jamais ramené au travail qui est réalisé. Le consommateur ne sait pas qu’il rémunère un travail. Nous, producteurs, ne seront rentables que si le consommateur accepte de payer un travail.
CHEZ SUZANNE ET AUGUSTE :
85 Avenue des Pins, 38090 Villefontaine - VENTES : les mardis et jeudis de 16h à 19h sous le hangar
Simon Pichot, prévôt de la maison des Compagnons du Devoir et du Tour de France de Villefontaine, nous parle de son parcours et de son poste.
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